Les Dénés ont tant de raisons de danser! Les Dénés dansent parce que cela fait partie d’une croyance ancrée dans la spiritualité que les Aînés dénés ont transmise dans les mythes, les légendes, les chansons et les histoires aux jeunes enfants. Les Aînés savent que le battement qui parcourt les chansons et les danses et l’Esprit du tambour se retrouvent dans l’âme de chaque enfant. Les Dénés disent que chaque enfant est né tambour à la main. Ils disent aussi que tout le monde doit respecter chaque enfant et en reconnaître la valeur, sans quoi il ou elle ne découvrira pas son but personnel en grandissant (ECC-Dene Kede, 6 février 2002). Tout est connecté. Sans les chansons du Créateur ou sans les tambours pour rythmer les chansons, les Dénés n’auraient pas de danses.
Besha Blondin, une Aînée de la Première Nation des Esclaves du Nord, raconte ce qui suit. « Alors que je joue du tambour, en ce moment, il y a toute une gamme de pulsations cardiaques qui traversent ma main et entrent dans mon corps. C’est pourquoi quand les gens vont danser, ils apportent leurs tambours. Il peut y avoir dix joueurs de tambour. Ils prennent tous leurs tambours et commencent à battre le rythme du cœur du Créateur. »
« Plus le rythme cardiaque est rapide, plus le tambour joue rapidement. Plus le tambour joue rapidement, et plus la chanson est interprétée rapidement, plus les gens doivent danser rapidement. Le tambour permet cette cérémonie. »
Besha Blondin explique que le tambour renvoie la vibration qui part du centre du Grand Créateur, et relie l’esprit, le corps, les émotions et l’esprit : « Quand vous vous sentez submergé pas les événements de la vie, quand vous êtes stressé, vous vous rendez à une danse au tambour. Vous enfilez vos pantoufles. »
« Les pantoufles sont importantes, pour la danse au tambour, car elles font la connexion entre vous et la vie spirituelle sur la Terre Mère. C’est là le pouvoir des pantoufles. Si vous portez des chaussures modernes, il est assez difficile vous connecter à travers tout ce caoutchouc. Mais… avec des chaussures toutes naturelles, fabriquées à partir d’éléments de la Terre Mère, cette connexion s’établit facilement. »
« Alors quand vous entrez sur la piste et quand vous vous mettez à danser… C’est comme ça… Quand la musique des tambours et les danses sont vraiment puissantes, et que les bonnes personnes chantent les chansons et jouent des tambours correctement… Il n’y a plus qu’une seule voix, qu’un seul tambour. Tous vibrent au même rythme… Cela vous soulève du sol. Vous touchez à peine le plancher. À ce moment, votre esprit, votre corps… les émotions que le tambour et les chanteurs font émerger en vous… Vous êtes connecté à tout cela. Dans une seule voix. Un seul esprit. C’est comme ça que ça fonctionne. Les esprits vous transmettent une énergie encore plus grande. Cette énergie rejaillit autour de vous et aide les malades autour de la piste. »
Les Dénés enseignent que de la naissance jusqu’au retour au Créateur, les êtres humains devraient rendre grâce, par l’entremise, entre autres, de cérémonies, de chants, de tambours et de danses. Les Denés affirment qu’il s’agit là d’un droit d’un enfant dès sa naissance. Le tambour représente l’unité en soi et l’unité avec les autres, le monde spirituel et la terre, parce que les tambours viennent des arbres et des peaux d’animaux que la Terre fournit. Les Dénés savent que les Aînés qui sont partis chez le Grand Créateur continuent d’envoyer des messages en donnant de nouvelles chansons aux gens.
Le tambour qui mène les gens à la piste de danse incarne ainsi le langage des Aînés, ceux qui sont ici et qui sont déjà partis.
« Deux cordes placées côte à côte, et pourtant distantes, fonctionnent ensemble comme les Dénés », souligne Fibbie Tatti (Pheobe Taddi), une enseignante dénée des Territoires-du-Nord-Ouest, dans ses ouvrages destinés aux écoliers. Elle écrit : « Les chansons nous sont données pour que nous élevions toujours plus haut les voix de nos Aînés. »
« Danser la danse du tambour, c’est se connaître soi-même, explique Mme Tatti. Quand les Dénés dansent la danse du tambour, ils se rapprochent du Créateur. Ils font leur propre pas de danse, mais ils dansent ensemble, en harmonie. Pour danser ainsi ensemble, il faut avoir établi des relations respectueuses. Et les voilà qui dansent chacun leurs propres pas, en respectant l’esprit des uns et des autres. Personne n’a le désir de contrôler les autres ou d’exercer un pouvoir sur eux. Le pouvoir vient de la voix du tambour. Ils dansent en cercle, comme le tambour. Comme la Terre. Danser en ne faisant qu’un est une question de survie pour notre peuple. »