Nos danses traditionnelles

Dès que l’orateur a terminé le discours d’ouverture, il a nommé la danse qui allait donner le coup d’envoi à l’événement social. Conformément à la coutume, il s’agissait de l’ancienne danse des carquois dressés ou, dans la langue des Cayugas, la gada:trot.

 

 

Danse des carquois dressés

 

Chacune des six nations a sa propre langue et, par conséquent, son propre nom pour cette danse. Par exemple, les Onondagas disent gehdatshe:de et les Mohawks disent keteht:shroht.

Le carquois était l’étui à flèches que les chasseurs portaient à l’épaule, dans les temps anciens. Quand un village organisait une expédition de chasse, le chef annonçait que ceux qui voulaient y participer devaient placer leur carquois au milieu d’une grande clairière. Plus tard, le chef comptait les carquois pour savoir combien de chasseurs s’étaient portés volontaires. Quand les chasseurs étaient prêts, les villageois exécutaient une danse d’adieu pour leur souhaiter bonne chance.

À leur retour, quelques jours ou quelques semaines plus tard, les chasseurs plaçaient leurs carquois dans la même clairière. Encore une fois, les gens du village exécutaient la danse des carquois dressés. Cette fois, il s’agissait d’un acte d’accueil et d’une action de grâce pour le succès des chasseurs.

Les danses sociales, tout au long de leur longue histoire, ont relié les danseurs à leurs ancêtres.

La danse des carquois dressés est très simple et facile; même les tout-petits et les personnes très âgées peuvent la danser. C’est pourquoi nous en faisons aujourd’hui la première danse de rassemblements sociaux. Cette danse brossée est bonne pour détendre les genoux et les muscles et pour se réchauffer en vue de danses plus rapides et plus difficiles à suivre.

 

Dès que l’orateur de la soirée a annoncé la danse des carquois dressés, le chanteur principal et son assistant sont apparus sur la piste de danse. Ils ont commencé à danser aux sons familiers de la gada:trot. Un moment plus tard, une ligne de danseurs masculins s’est formée derrière eux. Comme c’est la coutume, les meilleurs danseurs ont pris la tête, suivis par un groupe de garçons qui se bousculaient. Répondant à la chanson du chanteur principal, les hommes piétinaient à l’unisson, ce qui donnait un effet de percussion intéressant.

Bientôt, des femmes et des filles ont rejoint la ligne, chacune prenant place entre deux hommes. Une grande jeune femme dansait avec confiance en talons aiguilles; une autre portait son bébé dans ses bras. À certains intervalles, des hommes sortaient légèrement de la ligne pour exécuter des pas fantaisistes, tout en gardant le rythme. La ligne se déplaçait dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, là encore comme le voulait la coutume. Après cinq ou dix minutes, la chanson et la danse ont pris fin et les danseurs ont quitté la piste pour aller discuter avec des amis assis ou attablés tout autour.

 

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La danse des mocassins

 

Quelques minutes plus tard, l’orateur, qui ne parlait encore qu’en cayuga, a annoncé que la prochaine danse serait la danse des mocassins. Il s’agit là aussi d’une danse ancienne, accompagnée de son propre répertoire de chansons. Les non-initiés n’y entendent qu’une même chanson qui comporterait de nombreux versets. Cette danse commence différemment de la danse des carquois dressés. Pour la danse des mocassins, le chanteur principal et son assistant se sont installés l’un en face de l’autre à l’extrémité d’une rangée de chaises au milieu de la piste de danse. Une dizaine d’autres chanteurs masculins, dont deux garçons, se sont rapidement joints à eux.

Le chanteur principal marquait le rythme avec un tambour d’eau. Les autres utilisaient des hochets faits de cornes de vaches. Les deux hommes choisis pour diriger ont commencé à danser dans le sens contraire des aiguilles d’une montre d’un pas « orteil-talon » très rapide, en faisant beaucoup de mouvements du corps. Ils ont dansé pendant une chanson, en une seule ligne autour des deux rangées de chanteurs, puis plusieurs autres paires de danseurs masculins les ont rejoints. Cette chanson a pris fin et une autre a commencé, alors que des paires de femmes se joignaient au groupe, chacune des femmes s’insérant entre deux hommes. Les paires de danseurs masculins et féminins alternaient dans un grand cercle autour des chanteurs.

Au milieu de chaque chanson, un bref changement de rythme signalait aux danseurs qu’ils devaient changer de position avec leur partenaire. Cela signifiait que pour la deuxième moitié de la chanson et la première moitié de la suivante, la partenaire féminine du danseur principal était « la meneuse ». Chez les bons danseurs, cela conduisait souvent à des improvisations comiques qui plaisaient à tous.

Les chansons qui ont toujours accompagné la danse des mocassins reposent sur une mélodie et sur des effets vocaux différents de ceux de la danse des carquois dressés. Ces deux danses sont probablement les plus anciennes danses sociales du « peuple de la maison longue » moderne, mais on en recense aujourd’hui une vingtaine d’autres. Il y a peu de risque que les gens se retrouvent à court de danses, même au bout du plus long des événements sociaux!

 

 

 

 

Les Haudenosaunees commencent à apprendre les danses alors qu’ils sont encore bébés : leurs mères les font rebondir sur leur genou au rythme de la musique ou les portent autour de la piste. Les enfants peuvent danser seuls dès qu’ils commencent à marcher. Cependant, avant que les enfants aient appris à faire des pas en suivant le rythme, les gens les appellent affectueusement « les chaussures bruyantes ».

Le nom cayuga pour la danse des mocassins est gayo:wah, qui, dans les temps anciens, désignait les mocassins de danse que les enfants devaient gagner. Chaque printemps, on organisait une danse où on scrutait le talent des adolescents. Ceux qui réussissaient cet « examen » remportaient leurs mocassins de danse. Les juges notaient l’amorce, le respect du rythme du tambour, le changement et la finale. Les jeunes qui ne gagnaient pas de mocassins devaient danser pendant une autre année avec les « chaussures bruyantes » au bout de la file.

 

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Noms des chansons sociales (chansons de la Terre) en cayuga, en mohawk et en anglais

Nous appelons les chansons sociales « chansons de la Terre » pour les différencier des chants sacrés cérémoniels utilisés seulement dans une maison longue. Vous trouverez des extraits audio et des descriptions de chaque danse à l’adresse www.ohwejagehka.com. Vous y trouverez aussi une description des trois pas de danse de base : le poisson, le piétinement et le pas latéral brossé.

Voici une liste de vingt ohwejagehka gae:nasho:oh, ou « chansons de la Terre ». La terminologie mohawk est celle que les gens utilisent à Akwesasne, une communauté qui chevauche les frontières de l’Ontario, du Québec et de l’État de New York.

 

  1. Gada:trotWatahtshero:ton – Danse des carquois dressés ou danse du piétinement
  2. Gayo:wah – Danse des mocassins
  3. Gayowaga:yohAhtahkwaka:ion – Vieille danse des mocassins
  4. JihsgugugehaTsiskoko’neha – Danse du merle
  5. Twetwetgeha:Sorahne:ha – Danse du canard
  6. Dega nodotgeha:Tekanionton’neha – Danse de l’alligator
  7. Tsahgowa geha:Orite’neha – Danse du pigeon
  8. Sanogeha:Atironhneha – Danse du raton laveur
  9. Dakshae dohsgeha:Kitineha’ – Danse du poulet
  10. Wa enoti:yoAhonte’nio’thi:iate – Danse du bâton affûté
  11. Odadehnyoha :Iontahrio:tha – Danse du bac (ou « danse de la pêche » ou « danse du canoë »)
  12. Da nuhsdageha : ou gahsgohao:dado:Ononsta’keha – Danse nue ou danse des buissons
  13. OtsinhahoAtshihna’neha – Danse de la jarretière
  14. Ehsga: nye:gae:nase:Tsionahthonwisenhneha – Nouvelle danse brossée des femmes
  15. Otowegeha :Othore’keha’ – Danse du Nord
  16. Oyadageha: – Danse du piétinement cherokee
  17. Gwa yogeha :Tehahonhtanekenhneha’ – Danse du lapin
  18. Ganehwae: – Danse des peaux delaware
  19. Otwadase taTsiohthwatase:tha – Danse ronde
  20. Deyodatnoho-nyo tahkwaAtero’serahneha’ – Danse de l’amitié

 

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Un rapide coup d’œil sur les noms de ces danses sociales permet d’en dégager une constante. La danse du piétinement cherokee et la danse des peaux delaware montrent bien que ces danses viennent d’ailleurs que des territoires haudenosaunees. Comme les danses ne revêtent pas de caractère sacré pour les Haudenosaunees, nos gens peuvent en profiter dans le cadre de n’importe quel événement social, à leur guise. Bien sûr, nous avons dû adapter ces chansons au modèle haudenosaunee.

 

La danse ronde

Nous ajoutons de nouveaux morceaux de temps en temps, mais les vieux favoris demeurent populaires. Pour que vous puissiez mieux comprendre ce que les Haudenosaunees considèrent comme de « vieilles chansons », je vais vous parler de certaines des nouvelles chansons et danses. Par exemple, la twada sat a ou la danse ronde vient de la maison longue Sénéca-Cayuga dans l’Oklahoma, à environ 2 400 kilomètres (1 500 miles) au sud-ouest de notre territoire.

Cette maison longue était située à cet endroit parce que vers 1830, le président Andrew Jackson a appliqué l’Indian Removal Act (loi sur le déplacement des Indiens). Jackson avait défié une ordonnance de la Cour suprême des États-Unis qui déclarait cette loi inconstitutionnelle. Il a ordonné à l’armée de rassembler les Autochtones de tous les États-Unis et de les déporter dans le « territoire indien » du sud. Des milliers de personnes sont mortes le long de cette « Piste des larmes ».

Il y a environ 50 ans, les Sénécas de l’Allegheny, au sud de Buffalo (État de New York), l’une des sept dernières réserves de New York, ont apporté la danse ronde ici après une visite dans la maison longue de leur famille du sud.

La danse ronde contient un pas de recul qui s’agence bien aux modèles haudenosaunees. Elle apporte aussi quelque chose de nouveau : les danseurs forment des cercles qui se déplacent dans des directions opposées.

Le batteur principal et ses assistants, munis de hochets, sont assis au centre de la piste de danse comme ils le font pour la gayo:wah. Ils se préparent à chanter chaque chanson deux fois. Lorsque les premières chansons commencent, les danseurs forment un cercle autour des chanteurs. Les danseurs font face à l’intérieur du cercle et dansent dans une direction jusqu’à ce qu’un changement dans la chanson leur signale de changer de direction.

Lorsque le premier cercle est complet, les danseurs en forment un nouveau à l’extérieur et ils se déplacent dans l’autre direction. Les enfants forment souvent leur propre cercle, mais plus proche des chanteurs, au centre de la piste. Ils se déplacent à contresens du cercle juste derrière eux. Ainsi, ils bougent dans la même direction que le cercle extérieur. Tous ces cercles se déplaçant dans des directions opposées peuvent étourdir les spectateurs.

La danse ronde est très amusante. C’est une danse à quatre temps où on met l’accent sur le premier pas. Lorsqu’un cercle se déplace dans le sens des aiguilles d’une montre, le pas consiste à avancer le pied droit d’environ douze pouces vers l’avant, puis de le déplacer vers la droite sur la même distance. Les danseurs déplacent le pied gauche vers la droite. Ils ramènent le pied droit de manière à l’aligner sur le pied gauche, à une certaine distance vers la droite. Ensuite, ils mettent le pied gauche à côté du pied droit, puis répètent les mouvements.

 

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Même les erreurs mineures des danseurs peuvent entraîner un heureux résultat. Les jeunes danseurs avancent souvent le pied trop loin, au premier pas : leurs pieds claquent alors sur le sol tandis que leur corps plonge vers l’avant. Cela ajoute un accent agréable au rythme du tambour.

 

La danse du froid

La danse du froid (oto wa gaha) provient des Mohawks du Québec, qui vivent au nord-est des territoires des Six-Nations. Cette danse nous est elle aussi parvenue il y a un peu moins de cinquante ans. Un chef mohawk, Joe Logan Jr., l’a ramené après une visite au Québec. Cette danse est aussi appelée « danse du Nord » ou « danse esquimaude ». Les chansons qui y sont associées sont inhabituellement longues, et leur forme musicale les rend difficiles à apprendre pour les chanteurs débutants. Le nom de « danse du froid » peut être considéré comme un exemple de l’humour pince-sans-rire tant prisé par les Mohawks et les autres peuples autochtones.

 

La danse nue

Une autre danse sociale au nom plutôt amusant est la danse nue. Le peuple de la longue maison l’a apprise auprès des Sioux, à l’ouest. Aujourd’hui, les Sioux préfèrent qu’on les désigne sous leur nom spécifique : Lakotas, Nakotas, Nakodas ou Dakotas. La différence principale est que les locuteurs des dialectes en « l » n’utilisent ni « n » ni « d », les locuteurs des dialectes en « n » n’utilisent ni « d » ni « l », et ainsi de suite.

Dans les temps anciens, surtout en été, les hommes se débarrassaient souvent de leurs vêtements extérieurs lorsqu’ils s’adonnaient à des activités exténuantes. Les Haudenosaunee les ont surnommés les « odani sta hono » (personnes nues). Bien entendu, comme les danseurs étaient dénudés, il semblait logique d’appeler leur danse « danse nue ». Les Sénécas de l’État de New York, pour leur part, appellent cette même danse la « danse des buissons ». Peut-être s’agit-il encore ici d’un autre exemple de l’humour autochtone.

La danse nue est lancée par un « orchestre » de chanteurs masculins qui utilisent un certain nombre de hochets faits de corne de vache et un tambour d’eau au centre de la piste de danse. Debout, les danseuses forment deux lignes et chantent avec « l’orchestre » pendant les lentes chansons d’introduction. Puis le tempo change et la danse s’accélère. Les deux premières femmes se tournent face aux deux femmes derrière elles. Toutes les autres paires de femmes font de même. Au milieu de chaque chanson, elles changent de place les unes avec les autres, comme dans la gayo:wa.

Les choses deviennent encore plus intéressantes lorsque des paires d’hommes viennent s’insérer entre les paires de femmes pour en faire leurs partenaires de danse. Les pas de cette danse sont un saut, un pas brossé et un coup de pied vers l’avant. Pour cette raison, certaines personnes l’appellent la « danse du coup de pied ». En dépit du nom plutôt suggestif de la danse nue, il n’est jamais question que quiconque parmi les danseurs enlève ses vêtements.

 

La danse des peaux delaware

Une autre danse sociale à laquelle on a accolé un nom suggestif est la danse des peaux delaware (gana whi). Ici encore, les danseurs n’ont pas besoin de montrer de peau. Les « peaux » pourraient désigner les membranes des tambours traditionnels delawares faits de peaux de chevreuil pliées. Les musiciens n’utilisent plus ces tambours dans cette danse. Au fil des ans, les gens les ont remplacés par toutes sortes d’objets qui produisent des bruits secs et forts.

Les Haudenosaunees ont appris cette danse des Delawares qui ont grossi les rangs des guerriers de Joseph Brant pendant la Révolution américaine. Les Delawares sont des locuteurs d’une langue algonquine. Nous les appelons maintenant « Anishnabeks ». Dans les années 1500, les Haudenosaunees les appelaient « Adirondacks », qui est aussi le nom d’une chaîne de montagnes des États-Unis. Ils s’appelaient eux-mêmes « Lenni Lenape » et les locuteurs d’autres langues algonquines les appelaient « les Grands-pères ». Ces guerriers ont amené leurs familles en sécurité dans la région de la rivière Grand, lorsque les Six-Nations sont venues s’établir ici en 1784, après la guerre.

Dans les années 1800, les Delawares vivaient à l’extrémité est de la Third Line. Cette route a été appelée la Delaware Line. Leur lieu de rassemblement, qu’ils appelaient « la Grande Maison », se trouvait à l’est du coin que les gens appellent maintenant Smoothtown. Les Delawares tenaient leurs danses traditionnelles dans la Grande Maison jusqu’à il y a environ 50 ans.

Ce bâtiment n’existe plus aujourd’hui, mais la danse des peaux delaware est toujours populaire parmi les danseurs du peuple de la maison longue. Les Delawares des Six-Nations ne perpétuent plus aucune de leurs traditions. La danse des peaux est la seule danse delaware des Six-Nations.

Pour l’exécuter, le chanteur principal et son assistant s’assoient habituellement sur un banc et battent le rythme sur le « ventre » d’un hochet tortue avec l’extrémité en bois d’un hochet en corne de vache. Le hochet tortue est beaucoup plus gros et plus lourd que le hochet en corne de vache. Il arrive donc qu’il n’y ait pas de hochet tortue lors d’un événement social. Dans un tel cas, il arrive que les musiciens frappent le banc. Certains anciens se souviennent de batteurs qui utilisaient une feuille d’écorce d’orme ou même une boîte en carton pour les flocons de maïs.

J’ai vu cette danse dans la salle communautaire des Six-Nations, dans le village d’Ohsweken. Deux hommes étaient assis l’un en face de l’autre au milieu de la piste de danse. Je ne pouvais pas voir ce qu’ils utilisaient comme table d’harmonie, mais je suis à peu près sûr que ce n’était pas une boîte de flocons de maïs. Deux hommes menaient les danseurs, tous des hommes, qui se tenaient prêts. Le danseur principal a signalé, avec un cri, qu’il était prêt. Les hommes assis ont répondu, puis les danseurs ont fait de même. Après deux ou trois chansons, des danseuses sont apparues et ont pris place entre les hommes. Cependant, elles n’ont pas crié. Cela aurait été immodeste. La danse a commencé par un pas brossé lent et simple exécuté avec les pieds à plat, à raison de deux battements par pied. On parle alors d’un « pas tapoté ». Après quatre à six chansons lentes, les chanteurs ont accéléré le rythme. Le même pas était exécuté, mais beaucoup plus rapidement. Après environ trois autres chansons, les chanteurs sont revenus au rythme plus lent, au grand soulagement des danseurs.

Ensuite, les chanteurs ont entonné à leur guise des chansons lentes ou rapides. Vers la fin de la danse des peaux delaware, ils se sont mis à enchaîner les chansons rapides afin d’essayer d’épuiser les danseurs. Bientôt, seuls les plus en forme étaient en mesure de continuer. C’est probablement la plus éreintante de toutes les danses sociales haudenosaunees.

La danse du pigeon

Une autre danse qui est probablement venue aux Haudenosaunees à peu près en même temps que la danse des peaux delaware (gana whi) est la danse du pigeon (tshawowakeha). Le peuple Tutelo a apporté cette danse, à l’époque où la Nation Cayuga les a « adoptés ». Les Tutelos étaient venus « se mettre à l’abri sous le Grand Arbre de la Paix ». Ce terme cérémonial signifiait qu’ils souhaitaient se joindre aux Haudenosaunees.

Certains Cayugas et Onondagas ont retracé leur lignée jusqu’aux Tutelos. Bob Jamieson, un ancien interprète de la Confédération des Six-Nations, m’a dit il y a une quinzaine d’années qu’il pouvait encore prononcer un mot en tutelo. Quand il est décédé quelques années plus tard, le dernier mot de la langue tutelo est disparu à jamais au sein des Six-Nations. Les Tutelos parlaient une langue sioux.

Après la Révolution américaine et l’installation des Six-Nations à la rivière Grand en 1784, les Tutelos sont venus les rejoindre et se sont fixés à Tutelo Heights, près du Mohawk Village et de Brant’s Ford. Les Tutelos ont apporté leurs danses traditionnelles, y compris la danse du pigeon. L’oiseau à l’origine de cette danse était la tourte voyageuse, une espèce maintenant éteinte, mais qui était si prolifique en Amérique du Nord qu’il arrivait que des envolées ​​de tourtes voyageuses bloquent le soleil.

La danse du pigeon clôturait souvent les soirées de danses sociales haudenosaunees. Pour commencer cette danse, des hommes forment deux colonnes; une colonne derrière le chanteur, et une autre derrière son assistant. Ces deux derniers portent un hochet en corne. Ils lancent la danse avec un pas de trot typique de la gada. La danse du pigeon est différente de la plupart des autres danses sociales haudenosaunees, dans lesquelles les hommes font tout le chant. Ici, les femmes marchent entre les hommes pour danser et elles peuvent chanter elles aussi, si elles connaissent la chanson.

La danse du lapin

La danse du lapin (gwa yo geha) permet également aux femmes de chanter. Comme la danse ronde, les Sénécas de l’Allegheny ont rapporté cette danse de l’Oklahoma. Il s’agit ici aussi d’une « nouvelle danse » pour les Haudenosaunees, car ses chansons n’ont qu’une cinquantaine d’années.

Les Haudenosaunees n’ont pas adopté la danse du lapin tout de suite. En fait, trois groupes ont introduit cette danse avant que le peuple de la maison longue ne l’adopte.

Il y a quelques années, Chauncey Isaacs, un grand voyageur, a présenté la danse du lapin et les chansons de l’Oklahoma correspondantes aux gens d’Ohsweken. Percy Smoke et d’autres membres de la troupe de danse Red Cloud de Fred Williams ont rapporté des chansons. Cette troupe œuvrait dans le « show business » et ses membres voyageaient pour jouer les amuseurs publics aux États-Unis et au Canada. La troupe avait appris une variation de cette danse auprès d’un de ses membres, Big Blow Snake, de la nation Winnebago. Sa version comportait un pas en avant élevé, sans pas en arrière.

Puis Herb Dowdy, des Sénécas de l’Allegheny, a vu la danse du lapin lors d’une visite en Oklahoma. Il s’est dit qu’il pouvait composer son propre répertoire de chansons. Herb Dowdy et un ami, Avery Jimerson, ont composé de nouvelles chansons pour la danse du lapin, et ces chansons sont devenues très populaires.

Quand les danseuses rejoignent les chanteurs masculins, leurs voix plus aiguës donnent une belle qualité à ces chansons. La danse du lapin et la danse de la pêche sont les seules danses où un homme peut choisir une partenaire féminine. Cela provoque généralement des gloussements chez les filles et de larges sourires chez tout le monde.

Le chanteur principal, muni d’un tambour d’eau, et ses assistants, qui tiennent des hochets de corne de vache, sont assis au centre de la piste de danse sur deux bancs ou deux rangées de chaises, l’une en face de l’autre. Pour commencer la danse, l’homme se place à la gauche de la femme. Il tient ses mains en croisant les bras. La main gauche de l’homme tient la main gauche de la femme et vice-versa. Les deux partenaires se font face. Ils font deux pas en avant et un pas en arrière. Au fil des années, les hommes et les femmes ont appris à ajouter un balancement à leurs mains serrées et un léger plongeon du corps.

Au milieu de chaque chanson, le rythme change. À ce signal, les danseurs amorcent un mouvement circulaire. Il existe deux variantes. Au sein des Six-Nations, les hommes et les femmes continuent généralement de se tenir par les mains. Tout en continuant à danser vers l’avant, ils exécutent un tour vers la gauche. Ils utilisent leurs mains jointes comme pivot. Cependant, dans l’État de New York, les partenaires libèrent leurs mains et tournent dans des directions opposées. À la fin du tour, ils joignent les mains à nouveau, puis ils continuent d’avancer. Comme d’autres danses sociales, la danse du lapin est exécutée deux fois pendant un événement social.

 

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