Par tradition, les Innus recouraient à la suerie pour soigner les maladies ou les douleurs physiques. Ils la comparent à une clinique ou à un hôpital. Les gens allaient à la suerie lorsqu’ils souhaitaient traiter une grippe ou des douleurs aux genoux. Un Aîné relate qu’au bout de trois jours où il avait été incapable de boire ou de manger, son père l’a emmené dans une hutte de sudation, puis il a guéri.
Chaque fois que les chasseurs tuaient un ours noir, ils tenaient une suerie et y conviaient l’ours noir. Les Innus appellent un ours noir « Grand-mère » ou « Grand-père » en signe de respect. Selon leurs croyances, cela rend l’esprit de l’ours heureux. Un Aîné chante et secoue un hochet à l’intérieur de la hutte de sudation. Il chante ses rêves concernant l’ours noir. À la fin, tout le monde dans la hutte de sudation chante une chanson à l’ours noir, et certaines personnes dansent. Ils ne forment pas de cercle. Ils chantent et dansent sur place, car la tente est petite.
Une légende innue mettant en scène un ours noir et un carcajou explique les origines de la hutte de sudation.
L’ours vivait sur une colline. Un jour, il vit des baies au loin et descendit de la colline pour aller les manger. Pendant qu’il se régalait des baies, il se retrouva face à face avec un carcajou. Le carcajou voulut tromper l’ours. Il lui dit : « Il y a encore plus de baies par là-bas », en pointant au loin. L’ours demanda au carcajou comment il pouvait voir aussi loin. Le carcajou répondit : « Je suis allé dans une hutte de sudation et je me suis mis des baies dans les yeux. » L’ours voulait aussi pouvoir voir des baies d’aussi loin. Alors, il demanda au carcajou de monter une autre hutte de sudation. Le carcajou construisit une hutte de sudation et plaça une grosse pierre plate au milieu pour chauffer la tente. Il apporta également une grosse pierre pour pouvoir tuer l’ours. Lorsque l’ours arriva, le carcajou mit des baies dans ses yeux, rendant ainsi l’ours aveugle. Puis il tua l’ours. (Histoire racontée en innu-aimun par Sebastian Penunsi de Sheshashiu le 2 décembre 2005 à Trudy Sable, traduite en anglais par Francis Penashue, puis traduite de l’anglais au français par Jessy LaPointe.)
Les Innus utilisent la graisse d’ours comme médecine. Les Innus de Natuashish, l’une des communautés du Labrador, font cuire la graisse d’ours, puis ils la filtrent et la congèlent. Plus tard, ils le mélangent avec des baies rouges pour s’en servir comme médecine.
Aujourd’hui, certaines personnes se prêtent à une suerie presque tous les jours, mais les Aînés continuent d’associer la suerie à la médecine. La personne qui a besoin d’une hutte de sudation la construit elle-même ou demande à un ami de l’aider. Les hommes utilisent la suerie plus que les femmes. Les femmes ne vont dans une hutte de sudation que si elles ont mal aux articulations, comme les genoux ou les chevilles.