Nos danses traditionnelles

Les Kwakwaka’wakw ont deux cérémonies sacrées. La première est connue sous le nom de t’seḵa (cérémonies d’hiver). La seconde porte le nom de tła’sala (danses de la paix). Les danses de la paix étaient à l’origine appelées dłuwalaxa (cérémonies du retour du Ciel).

La t’seḵa est la plus sacrée de toutes les cérémonies des Kwakwaka’wakw. Dans notre culture, la famille hôte invite les membres des familles et des villages des environs à venir voir et entendre l’histoire de la famille. La famille hôte reconstitue son histoire à travers des chansons, des danses et des histoires. Elle honore ses invités en organisant un festin et une distribution de cadeaux.

 

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  1. La hamat’sa

 

Au cœur des cérémonies d’hiver se trouve une danse parmi les plus estimées : la hamat’sa (danse du cannibale). Cette danse tire ses origines de l’esprit de Baxbakwalanuksiwe’ (Mangeur-d’hommes-de-l’Extrême-Nord).

Dans les temps anciens, cet être surnaturel vivait loin dans les montagnes avec sa famille. Baxbakwalanuksiwe’ volait au-dessus des villages voisins, capturait des gens puis les ramenait chez lui pour les dévorer. Baxbakwalanuksiwe’ avait tué beaucoup de gens. Peu nombreux étaient ceux qui avaient survécu à sa rencontre.

Certains ancêtres chanceux possédaient des dons spirituels qui les protégeaient. Baxbakwalanuksiwe’ était incapable de faire du mal à ces personnes. À ces occasions, comme cadeau offert à ceux qui l’avaient découvert, il était disposé à concéder certains droits sur ses cérémonies.

Dans certaines légendes, quelqu’un a tué Baxbakwalanuksiwe’. Grâce à sa mort, les ancêtres ont pu réclamer ses chansons, ses danses et ses noms. Depuis lors, l’esprit de Baxbakwalanuksiwe’ habite nos forêts et nos montagnes. Son esprit vient pendant l’hiver, qui, dans cette partie du monde, est tempéré. À ce moment-là, les familles qui en détiennent le droit envoient leurs initiés dans ces forêts.

 

 

Le choix de l’initié pour la société secrète

 

La hamat’sa est plus qu’une histoire. Elle forme la base de notre société secrète la plus sacrée. D’autres nations du Nord-Ouest ont elles aussi déjà eu des sociétés secrètes. Certains, comme les Haïdas, ont déjà eu une société secrète semblable à la hamat’sa. Cependant, parmi les Nations du Nord-Ouest, les Kwakwaka’wakw sont les seuls qui ont préservé ce rite étonnant et son histoire.

Habituellement, les Aînés choisissent l’adolescent masculin le plus âgé d’une famille pour devenir le hamat’sa. Parfois, il s’agit d’une personne que le peuple tient en haute estime pour le respect qu’il dont il fait preuve envers lui-même et envers les autres. L’initiation à la hamat’sa a lieu quand l’adolescent est prêt à entrer dans l’âge adulte. Les Aînés l’envoient dans la forêt pour se purifier. Il jeûne pour éclaircir son esprit et se baigne dans les eaux glacées pour purifier son âme. Cette purification est nécessaire, afin qu’il perde son odeur humaine. Seule une personne qui s’est bien préparée peut se rapprocher des esprits, en particulier celui de Baxbakwalanuksiwe’.

Un peu plus tard, lorsque les cérémonies d’hiver commencent, la famille rapporte le hamat’sa au village. Le hamat’sa est dans un état sauvage parce que l’esprit de Baxbakwalanuksiwe’ a pris le contrôle de son corps. Son corps frémit de pouvoir spirituel. Le hamat’sa crie : « Hap! », signifiant qu’il veut manger. Des sifflements d’esprit se font entendre. Les gens savent que ces sons sont produits par Baxbakwalanuksiwe’. Le hamat’sa portait plusieurs motifs de bouches qui semblaient siffler lorsqu’il se déplaçait, grâce à des sifflets dissimulés. Les vieux danseurs de hamat’sa, les solatłala, guident le nouvel initié vers la maison où se tiendra la cérémonie. Ils connaissent les anciens rituels pour apprivoiser un hamat’sa. Ils le surveillent de près afin qu’il ne morde ou ne blesse personne, surtout les invités de la famille.

 

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Le rôle de la hiligaxste’

 

La hiligaxste’ du hamat’sa est une femme spéciale, une proche parente que la famille a choisie pour préparer la nourriture du hamat’sa et l’accompagner. Elle joue un rôle important dans son initiation et elle aide à son apprivoisement. Elle transporte une feuille de cuivre en forme de bouclier qui représente un corps humain. Faisant face au hamat’sa, elle danse devant lui et l’attire dans la maison où commencera son apprivoisement. Les deux danseurs entrent, habillés de branches de pruche qui montrent qu’ils sont sauvages et viennent de la forêt. Pendant ce temps, le hamat’sa continue de crier « Hap! » pour exprimer sa faim. Il a faim de chair humaine. Il avance ses mains tremblantes. Il est rempli du pouvoir surnaturel. Les danseurs font le tour de la piste de danse dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. C’est le sens qui est considéré comme sacré dans nos cérémonies.

La hiligaxste’ conduit le hamat’sa devant les chanteurs au fond de la maison. Puis elle disparaît rapidement dans une pièce sacrée que la famille a préparée pour le hamat’sa et la société secrète. Lorsque sa hiligaxste’ le quitte, il crie sa faim de chair humaine. Puis, parce qu’elle est partie, il entre de nouveau dans un état sauvage.

 

L’expulsion du puissant esprit, en quatre cycles

 

Maintenant, les vieux hamat’sa prennent les rênes de la cérémonie. Ils guident l’initié sur la piste pour lui faire exécuter quatre cycles rituels afin de commencer à chasser le puissant esprit de Baxbakwalanuksiwe’. Quatre est le chiffre sacré de nos tribus. Il revêt un grand pouvoir, dans notre culture. Nous considérons que notre santé sous quatre aspects : mental, physique, émotionnel et spirituel. Nous croyons aussi qu’il existe quatre dimensions spirituelles : le ciel, la terre, la mer et le monde souterrain. Quatre saisons marquent notre année : printemps, été, automne et hiver. Le monde compte quatre points cardinaux : nord, ouest, sud et est, et le cycle sacré du saumon s’étend sur quatre ans. Le Créateur nous a donné ces enseignements pour nous montrer que le chiffre sacré est important. Quatre est le chiffre qui complète tout.

Maintenant, l’initié a fait le tour de la piste quatre fois. Il s’accroupit, dos au feu. Les humains font du feu et il n’aime pas ça. Le hamat’sa est comme un animal. Il est encore sauvage et ne veut pas regarder le feu. Maintenant, un chanteur entonne une chanson sacrée qui aide à la purification, donnant ainsi le signal à quatre vieux chefs hamat’sa qui entrent en piste.

Chaque chef tient une partie de la tenue cérémonielle sacrée en écorce de cèdre rouge que le hamat’sa portera. L’écorce de cèdre est le don spirituel le plus puissant que le Créateur nous a donné. Nos Aînés nous enseignent que lorsque nous portons de l’écorce de cèdre, cette dernière nous fait sentir bien et nous protège de tout mal. Les chefs tentent quatre fois de vêtir le hamat’sa d’écorce de cèdre, mais le hamat’sa recule et hurle en signe de protestation. Le hamat’sa a peur de l’écorce de cèdre sacrée parce qu’il peut sentir son pouvoir. Finalement, à l’issue de la quatrième tentative, l’esprit du hamat’sa « plie ». Il est assez affaibli pour que les chefs réussissent à le vêtir de la tenue cérémonielle sans qu’il proteste. Puis il laisse les vieux hamat’sa le dépouiller de ses branches de pruche. Après les rituels spéciaux, l’initié est assez calme pour se laisser habiller avec de l’écorce de cèdre sacrée teinte rouge sang, qui apaise son esprit. Sa tenue cérémonielle comprend un bandeau tissé, des anneaux de cou torsadés garnis de pompons, une jupe longue, ainsi que des bracelets de poignets et de chevilles.

Tous ces articles sont faits d’écorce interne de cèdre qui est pilée et tissée, et ils servent à indiquer son statut jusqu’à présent dans la société des hamat’sa. Cela montre que l’initié désire que les chefs l’apprivoisent. Bientôt, le pouvoir de l’écorce de cèdre contrôle son esprit. Cela le gardera calme pendant qu’il dansera. L’initié ne crie plus « Hap! » aussi souvent.

 

Le retour de la hiligaxste’ avec du cuivre pour la première chanson de la cérémonie d’apprivoisement

 

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À ce moment, quelqu’un appelle la hiligaxste’ afin qu’elle sorte de sa cachette et vienne guider le hamat’sa autour de la piste une fois de plus. Le chef de la famille a préalablement embauché des chanteurs professionnels masculins pour interpréter les premières chansons sacrées du hamat’sa. Ces chanteurs utilisent un tambour fait avec une caisse en bois, une grosse caisse classique, des hochets en bois et des tambours à main. Les chansons marquent le commencement des étapes finales de la domestication du hamat’sa et aident à renvoyer l’esprit de Baxbakwalanuksiwe ».

 

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La hiligaxste’ apporte de nouveau le cuivre et conduit le hamat’sa pour lui faire exécuter un tour de piste. Les deux danseurs se déplacent lentement au rythme rapide de la chanson. Ils plongent le haut du corps et se déplacent autour de la piste. Parfois, le tempo change et la chanson devient plus rythmée. Les deux danseurs alternent les pieds à chaque battement. Le hamat’sa est encore sauvage. C’est pourquoi les vieux hamat’sa le surveillent attentivement.

Pour poursuivre l’apprivoisement, la hiligaxste’ nourrit symboliquement le hamat’sa de cuivre jusqu’à ce qu’il satisfasse son esprit cannibale. Une fois cela fait, elle quitte la piste. Maintenant, le hamat’sa peut danser seul.

 

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Pour cette première chanson de la cérémonie d’apprivoisement, le tempo est rapide, mais il n’y a pas beaucoup de rythme. C’est parce que le hamat’sa vient de commencer ses danses cérémonielles. Il danse en tendant les mains devant lui, comme s’il cherchait de la nourriture. Il pince les lèvres en forme de « O ». Cela montre qu’il est sauvage et qu’il est dévoré de pulsions cannibales.

 

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La deuxième chanson de la cérémonie d’apprivoisement

 

Après la fin de la première chanson, les vieux hamat’sa encerclent l’initié. Au cours de la deuxième cérémonie, il est étroitement surveillé par les plus vieux hamat’sa, appelés les solatłala, qui ont l’expérience des procédures à suivre pour chasser l’esprit de Baxwbakwalanuksiwe’.

 

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L’initié est accroupi face au feu. Il est encore sauvage, mais il commence à devenir apprivoisé. Maintenant, il attend sa deuxième chanson, qui a un tempo régulier. Le hamat’sa suit le tempo. Parfois, il se tourne quand le tempo change. Cette chanson décrit les us et coutumes des hamat’sa. Pour expulser son esprit cannibale, le hamat’sa exécute avec ses mains des gestes qui représentent les mots de la chanson. Cette longue chanson au tempo constant aide à apprivoiser le hamat’sa. Plus il progresse dans la danse, plus le hamat’sa se tient droit. Il tend les mains comme s’il cherchait encore de la nourriture. Mais le hamat’sa profère de moins en moins souvent son cri cannibale. Quand la chanson se termine, les assistants du hamat’sa l’encerclent. Il s’accroupit et attend la troisième chanson.

 

 

La troisième chanson

 

Les paroles de la chanson suivante décrivent les trésors du hamat’sa. Dans les légendes, Baxbakwalanuksiwe’ était un être surnaturel et il avait de nombreux serviteurs. Il pouvait se transformer en ces serviteurs, parmi lesquels se trouvaient quatre oiseaux surnaturels qui capturaient, tuaient et dévoraient les gens pour leur maître. La chanson annonce aux gens que ces oiseaux vont bientôt apparaître.

Les oiseaux, ou hi’hamsamł, sont parvenus jusqu’aux Kwakwaka’wakw par le jeu des mariages et des guerres avec nos voisins du nord, principalement les Awik’inuxw du bras Rivers et les Hiłdzakw de la bande de Bella Bella, d’où sont originaires ces sociétés de danse. Ces oiseaux-serviteurs étaient la propriété de Baxbakwalanuksiwe’ et leur rôle consistait à tuer les gens et à apporter de la nourriture à leur maître. Le premier oiseau s’appelle Galugadza’yi (Bec-tordu-du-Paradis). Galugadza’yi porte une proéminence élaborée par-dessus les narines, souvent coupée pour mettre en valeur une forte courbe. Beaucoup de masques représentant Galugadza’yi comportent, sculpté sur la mâchoire inférieure, ​​un visage arborant une projection de grande taille représentant un nez. On considère souvent Galugadza’yi comme une femme, qui serait mariée à Baxbakwalanuksiwe’. Grâce à son puissant bec, elle est capable d’écraser les crânes et les os des hommes.

 

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Vient ensuite Huxhugwadzayi (l’oiseau céleste surnaturel semblable à une grue surnommé Huxwhukw) qui a un long bec étroit qui est généralement carré à la fin, avec de larges narines évasées. La tenue cérémonielle d’écorce de cèdre est décorée de plumes blanches pour accompagner l’écorce de cèdre rouge naturelle et teinte qui représente les plumes. Huxhugwadzayi utilise son puissant bec pour briser le crâne des hommes et en sucer le cerveau. On retrouve ensuite Hamasiwe’ (Petit-oiseau-mangeur d’hommes, ou Masque-de-la-Tempe-du-Mangeur), qui arrache la chair des os des hommes. Hamasiwe’ est une version plus petite et rare du Bec-tordu-du-Paradis. Il a un bec plat semblable à celui d’un canard, avec des narines extrêmement évasées. Sur le dessus de son bec, on retrouve une petite crête, qui forme une sorte d’étroite arête nasale. Puis vient Gwagwakwalanuksiwe’ (Corbeau-de-l’Extrémité-Nord-du-Monde), qui arrache les globes oculaires des hommes. Son masque comporte un long bec noir et mince, comme celui d’un corbeau dans la nature. Les emblèmes d’écorce de cèdre qui y sont associés sont généralement ornés de plumes noires imitant les plumes d’un corbeau. Ces masques sont confectionnés conformément à certaines règles entourant leur forme, et ils sont garnis d’écorce de cèdre naturelle pilée et d’écorce de cèdre râpée teinte en rouge. Ils peuvent également être distingués les uns des autres grâce aux caractéristiques de leur bec et par le son particulier de chaque oiseau. Les becs sont articulés de sorte qu’ils puissent être fermés à l’aide d’une corde tirée par le danseur sous la garniture d’écorce de cèdre. Un harnais attaché autour de la poitrine du danseur soutient le masque. Tous les hi’hamsamł sont décorés d’écorce de cèdre naturelle et d’écorce de cèdre teinte en rouge représentant les plumes de ces magnifiques oiseaux. Les couleurs rouge et blanc représentent également le sang et les os, signes de l’importance de ces oiseaux dans la société mangeuse d’hommes des hamat’sa. L’accent mis sur les couleurs (noir, rouge et blanc) des masques reflète également la nature de cette société. Les « lèvres » rouges et les narines évasées montrent la frénésie qui s’empare de ces oiseaux lorsqu’ils se repaissent de chair humaine.

La hamsamala, ou « danse des oiseaux mangeurs d’hommes » forme la troisième partie du rituel des hamat’sa. Il s’agit d’un événement très sacré et sérieux. Dans les temps anciens, les femmes et les enfants n’étaient pas autorisés à regarder cette cérémonie. Ils inclinaient la tête et se cachaient le visage avec des couvertures. Des hiligaxste’ d’expérience parentes de la famille sont embauchées pour chanter secrètement afin d’apaiser les hi’hamsamł au cours de la hamsamala. Ces chansons sont sacrées et appartiennent à ces femmes qui ont déjà été initiées avec leur hamat’sa dans cette société. Lorqu’elles chantent, ces femmes sont cachées. Elles utilisent un hochet spécial pour accompagner leur chanson d’apaisement. Émergeant un à la fois de l’arrière du rideau de danse, les danseurs de la hamsamala entrent à reculons en dansant bien droits. Lorsque le tempo change, les danseurs s’accroupissent soudainement et exécutent un mouvement de va-et-vient devant le feu. Puis, assis sur le sol, ils sont parcourus de tremblement, en balançant leur bec près du sol et en le soulevant en exécutant de longs mouvements de balayage. Ensuite, ils se relèvent et s’agenouillent et se mettent à claquer du bec rapidement et à lancer le cri dramatique de l’oiseau qu’ils incarnent. Lorsqu’un danseur s’est levé et a dansé jusqu’à la prochaine position sur la piste, un autre danseur émerge. Les « oiseaux » dansent en face les uns des autres de part et d’autre du feu, en claquant du bec et en dansant selon leur style propre. Jusqu’à quatre danseurs peuvent participer à la fois, en fonction des droits de la famille sur les différents oiseaux.

 

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Les chanteurs entonnent le chant de l’oiseau le plus important, le corbeau, en dernier. Quand le hamat’sa entend ce chant, la frénésie l’empare, car le corbeau est son plus cher compagnon. Entendre ce nom ramène le hamat’sa à son état sauvage. Il se remet à courir sur la piste, plein de sauvagerie, jusqu’à ce que les participants l’attrapent et l’escortent hors de la piste. Il retourne ensuite dans sa chambre sacrée. Dès qu’il entre, les serviteurs de Baxbakwalanuksiwe’ font un bruit ressemblant à un claquement de bec.

Pendant que les oiseaux dansent, les vieilles hiligaxste’ chantent leurs chants sacrés, le visage caché sous leurs couvertures. Leur chant garde les oiseaux calmes et permet de s’assurer que tout se déroule bien. Le corbeau est le premier à danser, car il est le plus important. Après que tous les oiseaux ont dansé, le hamat’sa, épuisé, court une dernière fois. L’apparition des oiseaux fait ressortir ses dernières parcelles de sauvagerie. L’esprit de Baxbakwalanuksiwe’ a finalement été expulsé.

Pour terminer cette cérémonie très sacrée, un chef, un vieux hamat’sa, exécute une danse. Il chante un chant sacré pour remercier notre Créateur pour tout ce qui se passe bien et pour tout ce qui est bien fait. Il faut dire que dans notre culture, les erreurs commises pendant les danses d’hiver peuvent faire du mal et entraîner de la souffrance pour notre peuple.

 

 

La danse finale du hamat’sa

 

Le temps de la dernière chanson et de la dernière danse est venu. L’initié porte une couverture de fourrure garnie de crânes qui montre son statut de hamat’sa. Il arrive aussi qu’il porte une coiffe qui représente l’histoire de ses ancêtres ou sa danse de hamat’sa. Là encore, la hiligaxste’ accompagne le hamat’sa. L’initié danse bien droit et ne pousse plus son cri cannibale. Les rituels ont fini d’apprivoiser le hamat’sa et l’ont réuni avec sa famille. Alors qu’il continue à danser, les hamat’sa initiés au cours des années précédentes le rejoignent pour montrer qu’ils l’acceptent dans leur société secrète.

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                        [Hyperlink to interview with a Hamat’sa: pine[1].marcus.interview.doc

 

Quand une famille désigne un hamat’sa, ce dernier sera formé pour devenir un leader. Un hamat’sa doit être un modèle et un protecteur pour le peuple. Il s’isole pour découvrir qui il est en tant que personne. Il purifie son esprit pour avoir une vision claire de la vie. Grâce à cette spiritualité, il arrive à savoir quel est son rôle dans sa famille. Un hamat’sa initié atteint ainsi le plus haut degré de spiritualité des Kwakwaka’wakw. La cérémonie enseigne au hamat’sa comment vivre en harmonie et en équilibre en son for intérieur. Une fois qu’il y parvient, il fait de même avec tout ce qui se trouve dans ce vaste univers.

La cérémonie enseigne aussi d’autres vérités importantes à tout un chacun. Grâce aux chansons, aux danses et aux cérémonies, nous apprivoisons le hamat’sa. Nous chassons l’horrible esprit de Baxbakwalanuksiwe’. Cela prouve que nous avons le pouvoir d’atteindre l’équilibre et que le bien aura toujours raison du mal.

 

 

 

  1. Tła’sala (danses de la paix), appelées à l’origine

dłuwalaxa (danses du retour du Ciel)

 

Les tła’sala sont parvenues jusqu’à certaines familles des Kwakwaka’wakw par des mariages avec des membres des tribus du Nord, principalement les Awik’inuxw du bras Rivers et les Hiłdzakw de la bande de Bella Bella. Les danseurs de tła’sala portent des coiffes munies de bandeaux finement sculptés et incrustés d’ormeaux au niveau du front. Cette coiffe raconte l’histoire de leur famille. Lorsque les danseurs s’exécutent, la lumière se reflète sur la nacre des ormeaux et montre la puissance des cieux sous les feux de la lumière du jour. Ces coiffes de fourrure de lapin blanc sont couronnées d’un anneau de moustaches de lion de mer, à l’intérieur duquel se trouve du duvet d’aigle. Ce duvet symbolise la paix et la bonne volonté. Le duvet s’échappe et flotte dans l’air lorsque les danseurs penchent la tête, bénissant ainsi les invités et la piste de danse. Souvent, lors de ces danses, les enfants tentent d’attraper le duvet en plein vol. Le dos de la coiffe comporte une longue traîne décorée de peaux d’hermine blanches qui représentent la richesse des chefs. Dans les temps anciens, si deux chefs se battaient, ils dansaient une tła’sala ensemble. Lorsque leur duvet d’aigle venait se poser sur la piste, leur colère l’un pour l’autre se dissipait. C’est pourquoi nous les appelons aussi les « danses de la paix ».

 

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Ce qui suit est la description des dłuwalaxa tirée d’un témoignage de Phillip Drucker. La deuxième nuit du potlatch est le moment de danser, pour le novice. Il danse, puis retourne dans sa chambre. On demande alors au maître de cérémonie (alkw) d’invoquer l’esprit du danseur. Il demande ce qu’il doit dire, et le chef lui dit. Alors il crie, par exemple : « Descends, descends, toi la grande Lune du Ciel! » Un bruit rugissant retentit, puis quelque chose atterrit avec fracas sur le toit. Des cors à esprits retentissent dans la maison et dans la chambre du novice. Un masque représentant la Lune apparaît alors au-dessus du rideau. Le chef dit au maître de cérémonie : « Soufflez le duvet d’aigle sacré dessus et demandez s’il s’agit vraiment de la Lune. » Alors il souffle du duvet sur le masque et demande : « Est-ce vraiment toi, grande Lune du Ciel que nous avons appelée? » Le masque répond « Hm, hm, hm, hm » et se balance. Le maître de cérémonie annonce : « Oui, c’est celui-là ». Les musiciens crient alors « Wey! », et l’esprit disparaît. Ils entonnent une chanson. Le novice sort de sa chambre pour danser. Après la danse, il rentre dans sa chambre. Le chef le suit, puis revient pour annoncer à tous : « Il ne parle pas encore très clairement. Vous feriez mieux d’appeler (par exemple) le Grand Cygne du Ciel ». Ainsi, le maître des cérémonies appelle le « Grand Cygne » de la même manière qu’il l’a fait pour la Lune. Le novice sort pour danser à nouveau. Le chef demande à l’un des chefs invités, qui est aussi un guérisseur (hayalikila), de « guérir » le danseur. Le chef invité se lève et se pare de sa coiffe et du reste de sa tenue cérémonielle. Puis il danse plusieurs fois autour du novice. Il a un battant (hochet sous forme de bâton fendu et sculpté) dans chaque main pour garder le tempo. Au moment opportun, il tend ses battants à un assistant et sort un « esprit » (une figurine en bois, apparemment) de la bouche de l’enfant. (En fait, c’est l’assistant qui lui remet l’« esprit ».) Le guérisseur montre l’esprit trois fois. La quatrième fois, il le jette par l’exutoire de fumée (ou prétend de le faire), alors que tout le monde crie « Wo! » Les cors à esprits retentissent pendant que l’esprit s’en va. (Drucker, 1967 : 215.)

Les danseurs de tła’sala portent également une couverture rouge à boutons et un tablier. Les couvertures sont ornées de chacun des blasons familiaux, généralement en noir, reproduits avec des centaines de petits boutons blancs. Dans les temps anciens, ces boutons étaient des ormeaux, mais de nos jours, les gens utilisent généralement des boutons du commerce. Le tablier est muni de sabots de cerf, de bracelets de cuivre ou de cônes qui servent à produire du bruit. Certains danseurs portent des jambières elles aussi ornées d’articles qui génèrent du bruit. Les cliquetis et les claquements chassent les esprits indésirables du chemin des danseurs.

 

Danse d’ouverture du hoylikala

 

Avant le début de la danse de tła’sala, un hoylikala (guérisseur ou chaman) danse pour purifier la loge et ouvrir la voie aux nouveaux danseurs de tła’sala. Le yaxwi’we’ est la tenue traditionnelle du « danseur-guérisseur » (hilikalał) lors des cérémonies de tła’sala; on l’appelle aussi le hoylikalał. Ce danseur, qui tient le plus haut rang, est le premier à paraître dans ces cérémonies. Le hoylikalał danse pour accueillir les invités qui sont venus servir de témoins, et il purifie la loge de danse en épandant du duvet d’aigle de mouvements secs de la tête. Les hoylikalał forment une société de chamans et ils portent la prestigieuse coiffe de tła’sala et un anneau de cou en écorce de cèdre qui annonce leur appartenance à cet ordre sacré. Ils portent une couverture à boutons finement décorée ou une robe réservée à leur famille, ainsi qu’un tablier et des jambières ornées de becs de macareux, de sabots de cerfs ou d’ornements en cuivre pour produire des cliquetis. Avec son gwaxadan (hochet-corbeau), il invoque ses aides spirituels. La danse du hoylikalał commence par de petits pas rapides. Quand le tempo rapide change, le danseur exécute de grands cercles tandis que le duvet d’aigle de sa coiffe flotte jusqu’au sol. Après que le hoylikala a fait jusqu’à quatre grands tours, il termine sa première danse, puis une deuxième chanson aux battements réguliers commence. Cette danse lente et gracieuse célèbre le début des cérémonies de tła’sala.

 

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L’initié de la tła’sala

 

Après les danses du hoylikala, les hoylikala plus âgés qui connaissent la cérémonie amènent le nouvel initié de la tła’sala sur la piste. L’alkw (maître de cérémonie ou orateur de la loge) demande aux chanteurs d’entonner une nouvelle chanson appartenant au nouveau danseur. Le danseur se déplace dans un mouvement de glissement d’un côté à l’autre au rythme de la chanson. Il exécute de secs mouvements de la tête pour libérer le duvet d’aigle de la couronne. Les anciens assistants hoylikala l’observent, puis se dirigent vers le nouveau danseur et commencent à le railler. Ils lui demandent s’il a vraiment acquis un pouvoir surnaturel. Ils lui disent de prouver qu’il est surnaturel. Après un moment, le danseur quitte les lieux par la porte avant ou en passant derrière le rideau. Si le danseur sort par la porte avant, son don provient de l’océan. S’il part derrière le rideau, son don vient du ciel ou de la forêt.

La chanson s’achève, et l’orateur de la loge demande aux assistants hoylikala d’aller s’enquérir de l’état du danseur. Ils quittent la loge pour voir ce qui s’est passé. C’est alors qu’un cor magique retentit à l’extérieur. Cela signifie que quelque chose de surnaturel vient de se produire. Les assistants reviennent, mais ils n’ont que la coiffe du danseur. Les assistants rapportent que l’initié a disparu. L’orateur de la loge demande où il est allé. Les assistants répondent : « Il a été emporté aux cieux. » Maintenant, un autre son spirituel retentit à l’extérieur. L’orateur de la loge demande aux assistants ce que cela pourrait bien être. Alors, ils partent vérifier.

Quand ils reviennent, ils rapportent qu’un être surnaturel se trouve à l’extérieur. L’orateur de la loge demande si c’est le nouveau danseur. Les anciens danseurs rapportent qu’effectivement, il s’agit du nouveau danseur qui est revenu. Le danseur est monté aux cieux et s’est transformé. Il est maintenant revenu parmi les participants sous une autre forme. Il est venu pour prouver son pouvoir spirituel. L’orateur de la loge demande aux assistants d’escorter l’être surnaturel. Quand ils arrivent à la porte, l’orateur de la loge leur demande ce que le danseur est devenu. Les vieux danseurs annoncent la forme de l’être surnaturel.

 

L’initié revient doté d’un pouvoir surnaturel

L’orateur de la loge demande aux chanteurs d’entonner la chanson sacrée de l’être surnaturel. La chanson est ponctuée de battements rapides, appuyés par les basses sourdes du caisson. Le danseur représente maintenant un esprit et entre dans la maison à reculons. Il procède ainsi, car les esprits font tout à l’envers. Ils inversent même leur langue. Le danseur entre lentement dans la maison et imite l’être surnaturel sur lequel sa famille a des droits. Il imite la créature de manière complètement dramatique, et il exécute un tour rapide autour du feu. Les invités savent exactement ce qu’il représente. Puis il disparaît rapidement derrière le côté gauche du rideau, procédant ainsi encore une fois à l’inverse de ce qu’on trouve dans les autres cérémonies.

 

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Après le départ du danseur, les assistants crient : « Wey, wey, wey, wey! » Ce cri annonce la fin d’une puissante cérémonie. Pour compléter la danse, la famille du nouvel initié porte les coiffes et les tenues cérémonielles de la tła’sala. Ils dansent sur une vieille chanson familiale pour célébrer le pouvoir spirituel du nouveau danseur. Lorsque les membres de la famille ont terminé, les invités reprennent cette forme de danse de tła’sala. Les danses continuent, selon le nombre de trésors que la famille possède.

Par exemple, une famille peut détenir un droit sur le sisiyutł.

Le sisiyutł (serpent à double tête) est un symbole spirituel puissant pour les Kwakwaka’wakw. Doté de pouvoirs surnaturels, ce serpent au visage humain en son centre peut vivre sur la terre ou dans la mer. Apercevoir cette créature apporte la malchance et la toucher revient à signer son arrêt de mort. Cependant, à ceux qui bénéficient de sa protection magique, il accorde des dons de guérison, et il vient en aide aux guerriers et aux guérisseurs. Le sisiyutł a beaucoup de propriétés magiques, y compris celle de prendre la forme d’un canoë qui est aussi un serpent à double tête. Le chef Henry Speck raconte que le sisiyutł est un être surnaturel puissant qui confère son pouvoir aux initiés de Winalagalis, l’esprit qui « guerroie de par le monde ». Le canoë et les pagaies de Winalagalis sont faits de cuivre et quand l’embarcation est commandée par le sisiyutł, elle peut disparaître comme par magie. C’est pourquoi nos ancêtres disent qu’ils pouvaient parfois entendre le cuivre résonner dans l’eau devant le village même lorsqu’ils ne voyaient rien passer. Son canoë se meut seul. Il est impossible de l’abîmer, même avec des armes mortelles. Manger, toucher ou même voir un sisiyutł peut causer la mort instantanée : les articulations de l’infortuné se disloquent et sa tête se tord complètement à l’envers. Lorsqu’une personne rencontre un sisiyutł, elle devrait reculer sans détourner les yeux de cet être surnaturel, car ce faisant, elle pourrait aussi s’évanouir ou mourir en se transformant en pierre sous l’effet de son pouvoir surnaturel. Le sisiyutł est utilisé comme emblème sur des coiffes de la hawinalał (danse guerrière), des ceintures cérémonielles, des couvertures et des tabliers, sur des armes de cérémonie comme des arcs, des lances, des massues, ainsi que sur des plats de fête et de nombreux autres objets cérémoniels. Les dant’si’kw (panneaux cérémoniels) sont des trésors dont les pouvoirs sont invoqués par des danseuses tuxw’id investies de pouvoirs surnaturels par Winalagalis. Ces panneaux sont ornés de motifs représentant le sisiyutł.

Le texte ci-dessous est extrait d’une légende des Kwikwasut’inuxw (tribu de l’île Gilford) qui décrit les pouvoirs du sisiyutł.

Ensuite, T’sekame’ (Meneur-des-Danses-d’Hiver) parla à sa femme T’segiłi’lakw (Femme-des-Danses-d’Hiver). Il lui dit : « Ô, ma maîtresse! Quel peut être ce son provenant de mon piège à saumon? On dirait une avalanche de rochers. » Sa femme répondit : « Ô, mon chéri! Monte au poteau de garde pour voir ce qui en est. » T’sekame’ s’y rendit. Une fois au sommet, il vit quelque chose qui ressemblait à un feu qui se mouvait de long en large dans le piège à saumon. T’sekame’ descendit du poteau et courut dire à sa femme : « Ô, ma maîtresse! Qu’est-ce que cela peut bien être? Cette chose semble avoir du feu sur son corps, et elle se meut de long en large dans notre piège à saumon. » Sa femme répondit alors : « Ô, mon chéri! Ne peux-tu pas deviner le nom de ce saumon? Il s’agit peut-être du saumon de ton frère aîné, Oiseau-tonnerre? Retournes-y, mais cette fois, tire du sang de ta langue. »

T’sekame’ retourna à son piège à saumon. Cette fois, il apporta son gourdin de pêche. Il essaya en vain d’assommer ce saumon si différent et merveilleux, mais le saumon finit par briser le piège. À ce moment-là, T’sekame’ repensa au conseil de sa femme. Il mordit les côtés de sa langue pour en tirer du sang. Il cracha un peu de sang sur le saumon, qui était en fait un sisiyutł. Le sisiyutł se calma. Puis T’sekame’ cracha sur son gourdin, et cracha à nouveau sur le saumon. Quand il eut craché quatre fois sur le saumon, il assomma le sisiyutł. Maintenant, il l’avait tué. T’sekame’ rapporta le sisiyutł pour le montrer à sa femme.

T’segiłi’lakw dit : « Ô, mon chéri! Je te remercie au nom de notre fils. » Puis T’segiłi’lakw prit un tapis de cèdre neuf et l’étala sur le sol. Elle plaça leur enfant dessus. Tôt le matin, T’segiłi’lakw se leva et découpa le sisiyutł. Dès qu’elle eut terminé de découper le sisiyutł, elle réveilla son mari et lui dit : « Ô, mon chéri! Ne flâne pas au lit trop longtemps! Va plutôt laver notre fils. » T’sekame’ se leva et prit une caisse de cuisson, qui servait aussi de bassine pour les nouveau-nés. Il y versa de l’eau et ajouta des pierres chauffées brûlantes pour la réchauffer. L’eau était tiède. Il prit son fils et le lava. Quand il eut fini, T’segiłi’lakw demanda à son mari de prendre du sang coagulé de l’épine dorsale du serpent et de l’appliquer sur les mains de leur fils. T’sekame’ suivit ses instructions. Il mit aussi du sang dans la caisse de cuisson. Ensuite, il lava son fils dedans. Ensuite, T’sekame’ plaça ses pieds sur les orteils de son fils, puis il l’étira. Son fils atteint la taille d’un homme adulte. Puis T’sekame’ prit le sang coagulé du sisiyutł et le frotta sur les mains de son fils. Ses mains se transformèrent immédiatement en pierre. Alors T’sekame’ dit à sa femme : « Ô, ma maîtresse! Ne vois-tu pas que les mains de Nalagitasu (Jour-sur-le-Corps) se sont transformées en pierre? » T’segiłi’lakw dit : « Ô, mon chéri! Merci pour cette annonce, car j’aimerais tant qu’il soit un guerrier! »

Après quatre jours, T’sekame’ lava son fils à nouveau. Cette fois, il ne marcha pas sur ses orteils. Il demanda à sa femme de prendre un peu plus du sang coagulé de l’épine dorsale du sisiyutł et de le frotter sur le corps de leur fils. T’sekame’ dit à sa femme : « Tu as souhaité que notre fils soit un guerrier. » Puis T’sekame’ prit du sang et le frotta sur le corps de son fils. Quand T’sekame’ eut terminé, le corps de Nalagitasu changea à nouveau. Tout son corps se transforma en pierre. Son corps devint noir et ses yeux devinrent grands ouverts. Sa bouche devint grande et ronde, comme celle d’une dzunuḵ̓wa (sasquatch). Puis il grandit jusqu’à atteindre deux fois la taille d’un homme normal. Dès que son corps eut fini de changer, Nalagitasu se mit à hurler comme une dzunuḵ̓wa. Lorsque T’sekame’ eut fini de façonner ainsi son fils, Nalagitasu parla : « Ô Père! Maintenant, je ne porterai plus le nom de Nalagitasu. Mon nom sera désormais T’łat’łakwas T’i’samgid, “Pourvoyeur-de-Nourriture” et “Corps-de-pierre”, car je vais faire la guerre dans le monde entier. Je vais dépouiller les chefs de toutes les tribus du monde de leurs insignes afin qu’ils deviennent nos esclaves. » T’i’samgid dit ensuite à sa mère : « Ô Mère! Avez-vous un canoë dans lequel je pourrai voyager? » Sa mère répondit : « Ton père a un canoë. Va lui demander ». Alors T’i’samgid alla demander à son père, qui lui répondit : « Ô Fils! Allons essayer mon canoë. » Dès que le canoë fut à l’eau, T’i’samgid essaya d’y embarquer, mais le canoë coula immédiatement, car T’i’samgid était vraiment lourd, son corps étant tout de pierre. Après avoir ramené le canoë sur la berge, T’i’samgid se sentit désemparé, car il n’avait pas de canoë. T’sekame’ se souvint soudain que ’Namugwis (Seul-sur-la-Plage) lui avait dit qu’il lui donnerait un canoë de sisiyutł.

Le lendemain matin, T’sekame’ alla rencontrer ’Namugwis. Il lui demanda son canoë de sisiyutł. ’Namugwis fut content que T’sekame’ fut venu le lui demander. Puis T’sekame’ quitta la maison de ’Namugwis. Dès qu’il fut parti, il vit les deux extrémités du grand sisiyutł sortir la langue. Au milieu trônait la tête d’un homme. Ils sont montés dans le canoë. ’Namugwis dit à T’sekame’ : « Ô Frère! Écoute comment je parle au canoë de sisiyutł porteur de mort. » Il dit ensuite : « Va, maintenant, pagaye! »  Le canoë de sisiyutł émit un son : « Wo! » On eût dit que ce cri émanait de plusieurs hommes. Puis toutes les pagaies se mirent en mouvement très vite, en même temps. Ce n’était pas là chose normale. Quand T’i’samgid vit le canoë, il y monta et se plaça au beau milieu, puis il lança un « Wo! » long et fort. Le canoë de sisiyutł se mit en branle. Alors, T’i’samgid dit : « Ô ‘Namugwis! Merci pour ton canoë. Maintenant, je vais aller guerroyer dans le monde entier, afin que vous ayez les chefs du monde pour esclaves. »

Aujourd’hui, les enseignements entourant le sisiyutł nous parlent d’équilibre. Les deux serpents tirant la langue dans des directions opposées représentent le bien et le mal. Le visage humain, au centre, nous représente en tant qu’humains qui avons des choix à faire dans la vie. Il nous appartient de choisir notre voie. Quelle que soit la direction que nous prenons, nous façonnons notre propre destin. Les serpents et le visage humain sont tous ornés de cornes en spirale témoignant des qualités surnaturelles des trois figures.

Les danses du monstre marin ’Namxiyalegiyu pendant les cérémonies de la tła’sala

Le danseur arrive à travers la porte d’entrée, en marchant à reculons sur les mains et les genoux. Il reste aussi bas que possible, et quand il se retourne et commence à danser, il exécute un mouvement ondulant. Il se déplace en claquant les mâchoires comme s’il dévorait les gens. Quelque part dans la baie ou devant le village, un sifflement profond, semblable à celui d’un bateau à vapeur, retentit. Quand les gens entendent ce bruit, ils savent que ’Namxiyalegiyu, qui a un évent et des cornes surnaturelles, gonfle ses branchies. Un danseur, qui porte une couverture en peau d’ours noire, souffle du duvet d’aigle par l’évent. Il se déplace très lentement autour du feu. Lorsqu’il approche du côté droit des chanteurs, le danseur quitte rapidement les lieux, en passant du côté opposé à celui où les autres danseurs sortent. Les chanteurs crient : « Wey, wey, wey, wey! »

 

Nos danses aujourd’hui

Nos cérémonies de danses traditionnelles se déroulent encore comme autrefois. Les plus jeunes membres des familles héritent encore de nos anciens privilèges de danse et de chant. Souvent, nous incluons les enfants dans les cérémonies de danses pour assurer la perpétuation de notre culture. Après que le gouvernement nous a permis de célébrer nos potlatchs publiquement à nouveau en 1951, certaines danses ont mis du temps à revenir. Nous avons cependant commencé à consacrer des efforts pour réapprendre notre culture et l’enseigner à nos enfants. Le potlatch est toujours la pierre angulaire de notre culture, mais souvent, les cérémonies et les danses sont plus courtes qu’elles ne l’étaient. Les anciennes cérémonies duraient parfois toute une nuit, voire plusieurs jours. Mais, de nos jours, les gens de notre peuple doivent vivre de façon non traditionnelle pour garder un emploi et gagner leur vie. Cependant, nous accordons encore de la valeur à nos enseignements et nous continuerons de le faire pour de nombreuses générations à venir.

 

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Chansons de jeux (am’lala)

 

Souvent, nous utilisons nos chansons de jeux (am’lala), lors des cérémonies propres aux Kwakwaka’wakw. Dans les temps anciens, ces danses étaient sacrées et faisaient partie de la t’seka. Aujourd’hui, nous les utilisons pour nous amuser lorsque nous soulignons la fin d’un rassemblement réussi. Ces chansons, comme tant d’autres, appartiennent à certaines familles et sont associées à des histoires qui racontent leurs origines. Ces histoires nous indiquent aussi comment exécuter les danses.

Quand une famille chante une chanson de jeux et exécute les danses qui y sont associées, tout le monde est convié à y participer, y compris les invités. Dans beaucoup de chansons de jeux, les gens lancent des cris de célébration.

 

 

Link to video clip: umista.amlala

                        [Link to pine.wasden interview.doc

 

Paroles d’une vieille am’lala des ’Namgis

 

Tout le monde, ne lâchez pas!

Notre tribu s’élève dans le potlatch!

Notre tribu s’est élevée dans les rangs!

Chaque membre de la tribu, ne lâchez pas!

 

Tout le monde, ne lâchez pas!

Nos cuivres s’élèvent dans le potlatch!

Nos cuivres ont gagné en valeur!

Chaque membre de la tribu, ne lâchez pas!

 

Tout le monde, ne lâchez pas!

Les rires de notre tribu s’élèvent!

Notre tribu rit de bonheur

de s’être ainsi élevée dans les rangs!

Chaque membre de la tribu, ne lâchez pas!

 

Tout le monde, ne lâchez pas!

Le duvet d’aigle de notre tribu s’élève dans le potlatch!

Le duvet d’aigle de notre tribu s’est élevé!

Chaque membre de la tribu, ne lâchez pas!

 

Les hommes et les femmes dansent sur cette chanson. Lorsque les paroles commencent, les danseurs avancent en dansant sur le rythme. Ils alternent de pied pour imiter le tambour. Les hommes portent des éventails de plumes d’aigle blanches; les femmes tiennent leurs mains sur les côtés, paumes vers le bas. Ce mouvement de la main représente le geste consistant à tapoter les gens sur le dessus de la tête. Ceci symbolise l’ascension en rang de notre tribu, pendant que les autres tribus ne s’élèvent pas. Les hommes et les femmes se penchent vers les spectateurs et font des bonds sur la première partie de la chanson. Quand vient le moment de répéter le premier vers de la chanson, les danseurs se retournent et se penchent vers le feu.

Cette gestuelle représente la grandeur de notre peuple. Elle montre à quel point nous avons rempli les rôles que nous ont confiés nos ancêtres. Cela garantit que les générations futures respecteront le nom de notre tribu. Le potlatch permet d’y parvenir en dansant, en chantant et en donnant des cadeaux à nos invités.

 

 

La base de données contient encore bien d’autres informations sur la Nation Kwakwaka’wakw et sur d’autres cultures de la Côte Nord-Ouest. Vous pouvez y consulter d’autres photographies et extraits de films de Bibliothèque et Archives Canada, du Musée canadien de l’histoire, de Pinegrove, ainsi que des photographies du Centre culturel U’mista.

 

 

Bibliographie

 

Boas, Franz. 1925/1969. Contributions to the Ethnology of the Kwakiutl. New York: AMS Press.

 

Boas, Franz. 1909/1975. The Kwakiutl of Vancouver Island. New York: AMS Press.

 

Boas, Franz. 1930. The Religion of the Kwakiutl Indians. New York: Columbia University Press.

 

Boas, Franz and George Hunt. 1895/1970. The Social Organization and the Secret Societies of the

            Kwakiutl Indians. New York: Johnson Reprint Corp.

 

Drucker, Philip. 1967. To make my name good: A reexamination of the southern Kwakiutl potlatch.

            Berkeley: University of California Press.

 

Hawthorn, Audrey. 1967. Art of the Kwakiutl Indians and Other Northwest Coast Tribes.

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Electronic Resource:

 

http://www.schoolnet.ca/aboriginal/umista2/potlatch-e.html (last accessed September 2006)

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