Le nom « Algonquin » vient d’un mot malécite, elakómkwik, qui signifie « Ils sont nos parents ». (Day/Trigger, 1978: 792.) Les premières années du XVIIe siècle ont été difficiles. Tout changeait si rapidement que personne n’était sûr de l’endroit où chaque groupe culturel avait vécu ou où il était finalement resté.
Samuel de Champlain a utilisé « Algoumequin » en 1603 pour nommer un groupe culturel qu’il a rencontré dans la vallée de la rivière des Outaouais. Le père Charles Arnaud a noté que ces « Algoumekuins » (que les Montagnais [les Innus] appelaient les Algoumekuots) coloraient leur visage et peignaient leurs possessions d’un rouge vif avec un pigment provenant d’une racine spéciale.
Aujourd’hui, « Algonquin » désigne la population de la vallée de l’Outaouais qui a parlé un dialecte de la famille algonquienne. (Clément, 1996 : 1-2.) Les Weskarinis, Matouweskarinis, Keinouches (Pikes), Otaguottouemins et Onontchataronons figurent parmi les noms de bandes historiques. (Day/Trigger, 1978: 792.)
Juliette Gaultier de La Vérendrye (née Juliette Gauthier, 1888-1972) a appris les danses et les chants traditionnels algonquins des années 1920 aux années 1940, tout en travaillant en étroite collaboration avec plusieurs informateurs de Maniwaki.
Le présent essai s’est largement appuyé sur les notes inédites de Gaultier qui se trouvent dans le fonds qui lui est consacré au Musée canadien de l’histoire. Les sources de Gaultier s’appelaient apparemment elles-mêmes « Onigokes », selon ses notes écrites. Il se peut qu’il ait s’agit là de sa façon d’épeler « Algonquins ». Ce n’est qu’à la fin des années 1940 que les transcripteurs ont substitué régulièrement le mot « Algonquins » à « Onigokes » et à au moins dix autres vocables utilisés pour cette Nation (Jacob Wawatie, communication personnelle). Les sources de Gaultier lui ont dit que ces gens vivaient à l’origine un peu plus au sud. Plus tard, ils ont occupé les vallées de la rivière des Outaouais et de la rivière Gatineau jusqu’à la baie James.
Aujourd’hui, le plus grand établissement algonquin est Kitigan Zibi Anishinabeg, près de Maniwaki, au Québec. Luc-Antoine Paginawatik (1803-1874) a fondé l’établissement au XIXe siècle. (McGregor, 2004: 180.) En effet, les deux principales sources de Gaultier étaient des descendants de Paginawatik (Clément, 1996 : 127.) La première, Wa Ba Die Kwe (Femme-Caribou-blanc), utilisait le nom eurocanadien Angélique Caponicin (1884-1979). La seconde, Mka Di Mik Kwe (Femme-Deux-Castors-noirs) utilisait le nom de Madeleine Jacko Clément.
Les Onigokes ont honoré Gaultier en lui donnant un nom autochtone : Femme-Cueilleuse-de-Fleurs. Comme elle l’a reporté, le mode de vie des Algonquins incluait la préparation d’aliments traditionnels et de teintures aux couleurs vives à partir de différentes plantes. Certaines de ces teintures se retrouvaient sur leurs vêtements.
En outre, ils avaient trouvé de nombreuses façons d’utiliser l’écorce de bouleau, y compris comme matériau de revêtement pour leur habitation traditionnelle, le pikogan. Ils mordaient dans l’écorce de bouleau pour y créer des motifs complexes et ils utilisaient les morceaux qui en résultaient comme cadres de fenêtres dans leur pikogan ou comme décorations. Leur culture a toujours inclus des légendes, des chansons, des danses et des histoires d’animaux. Comme par le passé, les Algonquins d’aujourd’hui continuent de chasser et de cultiver certains aliments en agriculture.
Notre cycle quotidien
L’année algonquine a été organisée autour de la lune. Bien avant l’arrivée des Européens, les Algonquins donnaient un nom de saison à chacun des mois. Les sages savaient que si la lune d’avril arrivait tard, le temps d’avril n’arrivait pas avant que la Lune soit pleine. (Gaultier de La Vérendrye, Juliette, coll. 1-A-160M; B325 F.4.)
Chaque journée commençait par une invocation au Soleil. Une vieille histoire algonquine racontait qu’un jour, un homme a rêvé que le soleil dansait et chantait. Cet homme a raconté ce rêve à son peuple qui, afin d’honorer le rêve, a créé deux cérémonies : la danse du Soleil et le chant au soleil levant.
Les gens d’aujourd’hui poursuivent cette tradition. Les chanteurs du Soleil ont toujours commencé leur incantation d’une voix tremblante tout en tapant légèrement quatre doigts sur leurs lèvres. D’autres chants ont aussi des racines anciennes. Les musiques d’été doivent être aiguës tandis que celles d’hiver doivent être plus graves. Un exemple de chanson d’été aiguë serait le Chant de l’arc-en-ciel. (Gaultier de La Vérendrye, Juliette, coll. 1-A-160M; B325 F.4.)
Dans toutes les communautés algonquines, la « danse du Soleil couchant » a toujours honoré la fin de chaque journée.
Pour cette danse, exécutée en cercle autour de la loge solaire, on a imité la danse des couleurs du soleil couchant dans le ciel. Au rythme des tambours tewigan (tewehigan), les gens sifflaient et chantaient la mélodie en scandant les onomatopées. Chaque fois qu’on revenait au début de la chanson, les gens chantaient un demi-ton plus haut. (Gaultier de La Vérendrye, Juliette, coll. 1-A-160M; B325 F.4.)