Les Micmacs ont toujours dansé pour prier, faire la cour pour trouver des partenaires de mariage, commercer, chasser, se préparer à la guerre et célébrer des événements importants comme les mariages. Aussi, les danses permettaient de sceller les traités, de célébrer les naissances, de pleurer les morts, de rendre grâce et de conférer des honneurs. Un prêtre jésuite vivant parmi les Micmacs en 1616 écrit : « Tandis qu’ils ont dequoy, ils font tabagie perpetuelle; chants, danses & harangues. » (Biard, 1616 : 69/Relation de la Nouvelle France, de ses terres, naturel du Païs, & de ses Habitans.)
Les Micmacs dansaient pour montrer leurs prouesses physiques et prouver leur endurance. Des compétitions ont souvent été intégrées à de grands rassemblements saisonniers. Le meilleur danseur, celui qui dansait le plus longtemps, gagnait et faisait honneur à sa communauté.
Vous pouvez toujours voir les ornières d’un cercle de danse sur l’île Chapel, en Nouvelle-Écosse, et sur l’île Indian, au Nouveau-Brunswick, où des gens ont dansé pendant des siècles.
Au cours des 500 dernières années, la colonisation et la centralisation ont modifié la culture micmaque, contre le gré des gens. Mais les Micmacs n’ont jamais abandonné leur culture.
Aujourd’hui, certaines personnes continuent de danser pour panser les blessures de leur communauté. « Je danse pour toutes ces personnes, particulièrement ces jeunes adolescents alcooliques et toxicomanes, dans toute cette communauté, explique Joseph Meuse, un Aîné micmac. Je danse et je prie pour eux, parce que c’est une maladie dans notre communauté, parce que nous allons non seulement perdre notre identité, mais nous allons aussi perdre beaucoup de gens. » (Joseph Meuse, 15 décembre 2005, communication personnelle.)
Les danseurs considéraient aussi leur art comme une forme d’offrande. (Sable, 1990 : 1). Alasutmaqney signifie « prière sous forme de danse ». Entre autres avantages de leurs danses, les Micmacs affirmaient qu’elles pouvaient conférer des pouvoirs surnaturels. Vivian Basque, une danseuse micmaque et enseignante d’école, explique : « Les gens utilisaient la danse pour appeler les esprits. Ils entraient dans un autre monde et dans des états d’esprit différents pour chercher des réponses et communiquer les uns avec les autres par télépathie. » (Sable, 1996a : 6.)
La danse est devenue un moyen, pour les gens, d’exprimer leur identité en tant que Micmacs. « Quand je danse, je danse avec tout mon être. Cela me fait sentir « complet » comme personne. Cela me rend heureuse, explique la danseuse Beverly Jeddore. Je suis très fière de ce que je suis quand je danse. (…) Quand je danse et quand je chante, je me sens aussi comblée que si j’avais reçu un gros paquet et un grand arc. » (Beverly Jeddore, 21 janvier 2006, communication personnelle.)